Exposition Artemisia Héroïne de l'art
- François Varlin
- 17 avr.
- 2 min de lecture
Au Musée Jacquemart-André
Jusqu'au 3 août 2025.

Pour cette deuxième partie de saison, le Musée Jacquemart-André se tourne vers l’une des premières femmes peintres baroques, l’italienne Artemisia Gentileschi (1593-1656). Artiste accomplie et admirée, elle a su s’imposer par la puissance de
son art à un siècle où cela n’était qu’exceptionnel pour une femme.
Peintre reconnue et prospère, éduquée à l’art pictural théâtral et brillant du Caravage par son père qui en était grand admirateur, Artemisia Gentileschi sera confiée aux enseignements du peintre Agostini Tassi. Abusée, la jeune femme subit de lui un viol qui sera suivi d’un procès regrettable au cours duquel
elle sera torturée afin d’éprouver ses allégations. L’épreuve marquera à jamais son destin et influera le trait décidé de son pinceau, comme par revanche
à la violence subie et vécue. Par la suite, Artemisia épouse un peintre et s’installe à Florence où elle connaitra une célébrité et un immense succès dans toute l’Europe, jouant un rôle majeur dans l’histoire de l’art de son époque. L’exposition met en relief, grâce aux prêts et à la présentation d’une quarantaine d’oeuvres majeures, les liens fort entre la peinture du Caravage et celle d’Artemisia Gentileschi. On découvre ainsi l’imposante huile sur toile
représentant Suzanne et les Vieillards de l’artiste, le Couronnement d’épines de Caravage, une série de portraits et d’autoportraits rendant hommage à ses grandes qualités de portraitiste, le fameux Esther et Assuérus venu du Metropolitan Museum de New York ou le fascinant Tarquin et Lucrèce présenté pour la première fois hors
d’Allemagne. Une part importante de l’exposition est également consacrée à l’exploitation de l’archétype d’Eros et Thanatos dans son art pictural, comme la Judith et sa servante avec la tête d’Holopherne de la Galerie des Offices de Florence.
Si ces toiles magnifient l’héroïsme au féminin, elles auront su plaire au mouvement féministe du XXe siècle, notamment dans les années 1970 qui les redécouvrent avec enthousiasme après un siècle d’oubli et d’oeuvres parfois perdues. Reconnue comme « un miracle dans la peinture », l’audacieuse et indépendante Artemisia Gentileschi est maintenant à jamais liée aux débats contemporains sur la place des femmes dans la société et le respect de leurs droits.
158 boulevard Haussmann
75008 Paris
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